Comme sa « cousine » la processionnaire du pin, la Processionnaire du chêne - Thaumetopoea processionea – est à craindre car elle provoque également démangeaisons, urtications et autres menaces pour la santé.
Comment reconnaît-on la chenille processionnaire du chêne ?
Sous la forme adulte, il s’agit d’un papillon nocturne de couleur gris-brun, d’une envergure de 25 à 40 mm. Il vole en juillet et août.
La ponte comporte 120 œufs en moyenne, sous la forme de plaques grisâtres sous des rameaux bien dégagés, au sommet de l’arbre et donc, difficiles à repérer. C’est sous cette forme que l’espèce passera l’hiver. Les éclosions ont lieu durant la première quinzaine d’avril, lors du débourrement des chênes.
La chenille, dotée d’un corps et d’une tête noirs, dispose de rangées de points orange et de nombreux et longs poils gris. Le développement larvaire dure entre 2 et 3 mois et s’effectue en 5 stades de croissance. La chenille possède des poils urticants à partir du troisième stade larvaire et tisse, en fin de cinquième stade, un nid plus résistant protégeant la colonie contre les attaques de prédateurs et les intempéries, là où aura lieu la nymphose.
Les processions des chenilles s’effectuent lors de leur alimentation, la nuit. À l’inverse de sa « cousine » du pin avançant en file continue, la Processionnaire du chêne se déplace sur plusieurs rangs, en « nappe ». Cependant, à la différence des processionnaires du pin, elles ne descendront pas au sol.
Elles effectueront leur nymphose dans l’arbre, sur le tronc ou la base des branches charpentières, qui durera 30 à 40 jours mais peut parfois se prolonger d’une année. La taille des plaques de nymphose varie selon les années : de la taille d’un pamplemousse à plus de 2 mètres. Ces plaques (ou « poches ») restent emplies de poils urticants pendant de nombreuses années.
Les populations de chenilles processionnaires du chêne connaissent des fluctuations importantes et assez irrégulières s’étalant sur plusieurs années, avec des phases de pullulation tous les 10 / 15 ans ; dues à différents facteurs tels que le climat, l’abondance ou non de leurs ennemis naturels, la quantité et la qualité de la nourriture disponible, …
Où trouver ces chenilles processionnaires ?
Thaumetopoea processionea est observée dans tous les départements de la région, mais ponctuellement et de manière plus aléatoire que la processionnaire du Pin, en lien avec ses cycles de gradation. Elle affectionne principalement les chênes pédonculés et sessiles, sur arbre isolé comme en lisière. Elle peut changer d’arbre si la ressource alimentaire est insuffisante mais généralement, elle effectue son cycle sur le même hôte. En période de disette, elle peut descendre vers les sous-étages : épine noire, charme, hêtre. Mais elle aura du mal à terminer son cycle sans chêne.
Quels sont les impacts des chenilles processionnaires du chêne ?
Comme la Processionnaire du pin, les impacts de la Processionnaire du chêne sont nombreux et de différents ordres.
Santé humaine et animale : cette espèce est connue pour le caractère extrêmement urticant de ses chenilles, en raison des milliers de poils urticants dont elles disposent comme moyen de défense et qu’elles libèrent par des ouvertures dorsales appelées « miroirs ». Ces minuscules poils, épousant la forme d’un harpon, se cassent et libèrent alors une protéine urticante qui, au contact de la peau ou des muqueuses, déclenche des réactions allergiques très vives et parfois graves : risques d’urtication, atteintes pulmonaires et oculaires, œdème de Quincke.
L’espèce n’est pas plus urticante que celle occupant les pins mais les réactions sont généralement plus importantes car la (belle) saison durant laquelle elle est présente sous forme larvaire fait que nous y sommes plus exposés. Et, plus les expositions seront répétées, plus les réactions seront fortes. Pour les animaux : atteintes oculaires, étouffements, nécroses des babines ou des muqueuses notamment pour les chiens.
Économie locale : le risque sanitaire peut avoir des incidences financières pour des sites à forte activité touristique et pour l’hôtellerie de plein air.
Patrimoine paysager et Santé végétale : la défoliation des branches, et parfois d’une partie de l’arbre, lui donne un aspect inesthétique. Les attaques répétées de la processionnaire du chêne peuvent impacter la croissance des arbres colonisés et les fragiliser, devenant alors plus sensibles aux autres ravageurs (insectes xylophages) et aux maladies. Mais le caractère généralement très ponctuel des attaques ne porte pas d’atteinte à long terme.
Quelles sont les risques de confusions ?
La Processionnaire du chêne est la seule à avoir cet aspect entièrement grisâtre. D’autres chenilles, et certaines urticantes également, peuvent occuper les chênes : le bombyx cul-brun avec deux bandes latérales blanches et deux points oranges et le bombyx cul doré avec deux lignes oranges et deux bandes latérales blanches ; seront à surveiller également. Pour les autres bombyx – le bombyx disparate avec une tête jaune et des verrues de couleurs rouges et bleues, le bombyx à livrée avec des lignes blanches bleues et noires - les urtications ne sont pas à craindre, seul leur contact rugueux peut être désagréable. Enfin, d’autres encore peuplent les chênes, telles que des géométrides (petites chenilles défoliatrices vertes), mais elles n’ont pas d’aspect velu.
Il n’y a pas de risque de confondre Processionnaire du chêne et Processionnaire du pin, les premières étant inféodées aux chênes et les secondes aux pins (article Reconnaître la chenille processionnaire du pin).
Comment s’en protéger ?
La première mesure à adopter est d’éviter de s’en approcher. Si des chênes colonisés sont situés dans ou près de votre jardin, il faudra aussi veiller ne pas étendre votre linge dehors.
Et si vous souhaitez intervenir sur les populations de chenilles ou les plaques de nymphose, il est indispensable de porter des équipements de protection individuelle : lunettes de protection, masque, gants, combinaison
Rappelons aussi que les nids et les plaques de nymphose, même vides, contiennent des poils urticants. Si vous devez les manipuler une fois qu’ils ont été désertés par les chenilles, il faudra prendre les mêmes précautions que celles employées à l’encontre des chenilles.