Présente dans nos forêts et nos jardins, la tique est un acarien hématophage se nourrissant de sang animal, l’homme étant un hôte accidentel. Elle a pour particularité d’être vectrice de maladies et pour celle nous préoccupant le plus : la maladie, ou borréliose, de Lyme.
Qui est-elle ?
Les Ixodida, appelés couramment les tiques ou tiques dures, forment un ordre d’arachnides acariens visibles à l’œil nu dans lequel on retrouve près de 1000 espèces différentes, de tailles et de couleurs variées.
Au nombre de 40 en Europe, c’est bien souvent le genre Ixodes - 18 espèces - et l’espèce Ixodes ricinus que nous rencontrons le plus fréquemment en France (altitude inférieure à 1800 m) et dans notre région.
Les tiques se reproduisent en très grand nombre. Selon l’espèce, la reproduction varie : des centaines à des milliers d’œufs.
Les tiques femelles vont se nourrir plusieurs fois, lors des différents stades – larve, nymphe, adulte, reproduction et ponte – et à chaque fois, elles se décrochent de leur hôte après leur repas de sang, qui durera plusieurs jours. Elles ont une durée de vie comprise entre 2 et 6 ans.
Les femelles des tiques sont dotées d’un organe se remplissant au fur et à mesure de leur alimention. Ixodes sp. atteindra la taille de 11 mm lorsque son abdomen sera gorgé de sang. Mais les larves sont plus discrètes, de l’ordre de quelques millimètres. Elles sont de couleur brune et disposent de huit pattes. En termes de forme, on est entre la graine de pavot et la graine de sésame, puis plus grosse selon la quantité de sang ingurgitée. À sa taille maximale (grain de pastèque) et pour la tique la plus fréquemment observée, elle est de couleur blanche cireuse.
Elle vient se ficher dans la peau grâce à son appareil buccal. Elle va d’abord venir s’accrocher puis, avec de « mini-scies », découper les tissus cutanés et les écarter afin d’y enfoncer une « épée barbelée » pour pouvoir se nourrir. Nous ne sentons pas sa morsure car la tique injecte conjointement différentes substances, entre autres anesthésiantes (antihistaminiques, vasodilatateurs, anticoagulants, fibrinolytiques, etc.).
Sans yeux, les tiques disposent au bout de leurs pattes et au niveau des pièces buccales des capteurs de gaz carbonique, ainsi que d’autres organes (vibrations, chaleur, …) pour percevoir la présence de leur hôte.
Où la trouver ?
Les tiques appréciant des conditions douces et humides (taux d’humidité minimale de 80%), les morsures sont plus fréquentes au printemps et à l’automne et leur période d’activité s’étend d’avril à novembre. Mais les cas de maladie de Lyme sont déclarés tout au long de l’année.
Elles préfèrent les zones boisées et humides car elles résistent peu à la dessiccation. On les retrouve dans la végétation. Elles s’accrocheront à leur hôte en patientant sur les herbes hautes des prairies, des jardins et des parcs forestiers ou urbains.
De fait, les personnes les plus exposées sont les professionnels exerçant en extérieur : bûcherons, sylviculteurs, gardes forestiers, gardes-chasse, gardes-pêche, jardiniers, etc. ; et les amateurs d’activités de pleine nature : promeneurs et randonneurs en forêt, campeurs, chasseurs, ramasseurs de champignons, etc.
Une fois son hôte choisi, la tique prend le temps de sélectionner son site d’alimentation. Chez l’Homme, elle recherche des endroits chauds et humides, là où la peau est la plus fine : pli des genoux, aine, aisselles, organes génitaux, cuir chevelu, nombril, conduits auditifs, cou ; mais peut s'accrocher à tout endroit.
Quels sont ses impacts ?
En France, on compte environ 50 000 cas par an de la maladie de Lyme, dont 810 nécessitant une hospitalisation. Une enquête du Baromètre Santé pilotée par Santé publique France en 2016 indiquait qu’un quart de la population déclarait s’être déjà fait piquer par une tique dans sa vie. En 2019, ce taux monte à un tiers. Tandis que 35% (puis 21% en 2019) affirmaient n’avoir jamais entendu parler de la maladie de Lyme.
Les tiques infectées par la bactérie Borrelia peuvent nous transmettre la maladie de Lyme lors de leurs repas de sang, via leur salive. Il n’y a pas de transmission possible via des animaux infectés, par voie alimentaire, par des piqûres d’autres insectes ni au contact d’une personne malade. Et toutes les tiques ne sont pas infectées : on considère qu'une sur cinq est porteuse de la bactérie. Elles s’infectent généralement dès leurs premiers repas de sang au stade larvaire, via de petits mammifères (campagnols, mulots, écureuils, …).
Les symptômes de la maladie de Lyme peuvent apparaître entre 3 à 30 jours après la morsure. Si vous avez été mordus par une tique, soyez attentifs à l'évolution de la plaie.
La forme la plus courante - 80% à 95% des cas de maladies de Lyme - consiste en l’apparition d’un érythème migrant, c’est-à-dire une plaque rouge en forme d’anneau qui s’étend autour du point de morsure, sans démangeaison et qui disparaît en quelques semaines à quelques mois. Vous devrez alors consulter votre médecin. D’autres symptômes également sont à prendre en compte : fièvre, maux de tête, fatigue anormale, douleurs articulaires ou musculaires.
Une fois le diagnostic confirmé, le médecin pourra vous prescrire un traitement antibiotique adapté. Sans traitement, d'autres symptômes - neurologiques, cutanés, cardiaques ou articulaires - responsables d’atteintes graves peuvent apparaître, même quelques années plus tard. Enfin, il n’y a pas d’immunité acquise pour cette maladie, on peut de nouveau être infecté par cette bactérie. C’est pourquoi la surveillance régulière et la recherche de tiques sont primordiales, pour tous.
L'encéphalite à tique, moins fréquente, peut également être transmise. Elle se manifeste par des symptômes de longue durée : maux de tête, fatigue, difficultés à se concentrer, troubles de l'humeur, troubles du comportement.
Enfin, il existe d'autres maladies transmises par les tiques mais qui sont plus rares comme l’anaplasmose granulocytaire humaine, la babésiose, les rickettsioses ou la tularémie.
Quels sont les risques de confusions ?
Il existe une espèce invasive originaire d’Asie et d’Afrique de tique, Hyalomma, qui privilégie les climats secs. Elle est présente depuis plusieurs décennies en Corse. Depuis 2015, elle est détectée sur le littoral méditerranéen. Sa prolifération représente un important enjeu sanitaire, car cette tique est également vectrice potentielle de multiples agents pathogènes pour l’Homme et les animaux, dont le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo.
Que faire en cas de morsure de tiques ?
La probabilité d’infection par la bactérie responsable de la maladie de Lyme augmente avec la durée d’attachement. Et la tique ne transmet pas de maladie dans les 24 premières heures. C’est pourquoi, il est nécessaire de retirer au plus tôt les tiques qui se seraient accrochées.
N’appliquez aucun produit avant d’enlever la tique car dérangée, elle pourrait régurgiter et libérer via sa salive la bactérie. Utilisez un tire-tique, différents modèles existent et sont adaptés aux tailles des tiques. Placez-le au plus près de la peau, à la perpendiculaire, et tirez en effectuant une rotation. Cela permet de détacher la tique avec sa tête. Puis, désinfectez votre peau. Restez vigilant : une fois décrochée, la tique peut encore s’accrocher. Après l’avoir tuée sans la toucher à mains nues, il faut la mettre dans un mouchoir ou sur un bout de scotch puis la jeter aux ordures ménagères. Ou alors, vous pouvez l’envoyer à CiTIQUE (cf. informations ci-après) en respectant les conditions d’envoi, ainsi, elle devra rester vivante.
Dans le cas où seul son corps se serait brisé et que la tête resterait encore accrochée à votre peau, faites appel à un médecin ou un pharmacien. Mais ne tentez pas de l’enlever vous-même.
24 heures après, rougeur et démangeaison peuvent apparaître. Il s’agit d’une réaction normale, sans pour autant que ce soit une manifestation de symptômes liés à une infection bactérienne. Néanmoins, il faudra surveiller la zone atteinte et l’apparition d’éventuels signes pendant 30 jours : érythème migrant, fièvre, douleurs musculaires, … (cf. Quels sont ses impacts ?)
Afin de faire avancer les connaissances scientifiques, il existe un site participatif de déclaration de tiques et de leurs morsures. Vous pouvez consulter le site de ce programme de recherche participative CiTIQUE https://www.citique.fr/
Comment s’en protéger ?
On associe souvent balade en forêt et tique. Or, de nombreux cas de morsures sont en lien avec une « simple » sortie au jardin ou au parc. Ainsi, d’une manière générale : inspectez régulièrement votre peau et examinez également vos enfants.
Quelques bonnes pratiques sont à adopter pour se prémunir des morsures de tiques. Lors de vos sorties en nature, portez des chaussures fermées, des vêtements couvrants, longs et de couleurs clairs : les tiques seront alors plus facilement repérables. Vous pouvez également augmenter la capacité de couvrance de vos vêtements et chaussures en remontant vos chaussettes par-dessus le pantalon ou en optant pour des bottes. Utilisez également un tee-shirt à manches longues resserrées aux poignets et rentrez-le dans votre pantalon. Casquette ou chapeau protégeront votre tête. Il existe des produits répulsifs à tiques, à pulvériser sur les vêtements. Respectez bien les préconisations associées (notamment vis-à-vis des enfants, des femmes enceintes, …). Lorsque vous vous asseyez, ne le faites pas à même le sol mais utilisez plutôt une nappe ou un tissu (de préférence, de couleur claire également). Restez bien sur les sentiers et évitez de traverser les herbes hautes et la végétation.
De retour à la maison, contrôlez vos vêtements et votre peau. Vous pouvez également prendre une douche et lavez vos vêtements. Si vous observez des tiques et notamment si la tique n’est pas encore attachée, prenez une douche. Si elle est sur vos vêtements, passez-les au sèche-linge une dizaine de minutes, la température la tuera. Et poursuivez l’examen durant plusieurs jours après les activités en extérieur : les tiques sont plus visibles après s’être gorgées de sang. Vérifiez attentivement les zones privilégiées par les tiques : pli des genoux, aine, aisselles, organes génitaux, cuir chevelu, nombril, conduits auditifs, cou.
sources bibliographiques
https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-infectieuses/maladie-de-lyme
https://www.anses.fr/fr/content/fievre-hemorragique-crimee-congo-une-emergence-en-france-possible
https://www.inrae.fr/actualites/portrait-tiques
https://www.pays-de-la-loire.ars.sante.fr/prevenir-la-maladie-de-lyme
https://leblob.fr/archives/gros-plan-sur-la-tique
https://www.sciencepresse.qc.ca/blogue/brite/2016/04/18/tiques-101