La Punaise de lit

Présent dans nos habitations, cet insecte est proche de l’homme : nous sommes ses hôtes et ce, depuis des milliers d’années (sa présence a été retrouvée dans des tombes égyptiennes !). Il profite de nos voyages et déplacements pour s’introduire à l’intérieur des maisons et s’y développe très rapidement. Ses populations sont en forte expansion depuis ces 5 dernières années et en France, plus d’1 foyer sur 10 est touché.

« L’enquête réalisée par Ipsos pour l’Anses révèle que 11 % des foyers français ont été infestés par des punaises de lit entre 2017 et 2022. Elle montre également qu’il n’y a pas de lien entre le niveau de revenu d’un foyer et le fait d’être victime d’une infestation» Extrait rapport Anses (juillet 2023)

Qui est-elle ?

La Punaise de lit, Cimex spp., est un insecte piqueur-suceur de sang chaud. Son activité est nocturne et elle est photophobe (= fuit la lumière, naturelle comme artificielle). Ainsi, elle ne piquera que dans l’obscurité ou la nuit. Elle ne transmet pas de maladie mais ses piqûres entraînent des démangeaisons et des insomnies - jusqu’à 90 piqûres par nuit ! - voire des allergies (urticaires) chez certaines personnes.

Adultes, larves, œufs et déjections – Punaise de lit

De la taille d’un pépin de pomme, elle mesure 3 à 5 mm. Elle ne saute pas et ne vole pas. Son corps est plat, ovale, de couleur brun-rouge à noir et d’aspect rayé. Les adultes ont une durée de vie de 3 à 12 mois, une reproduction très active et la femelle pond jusqu’à 200 œufs (blancs - 1 mm). Le développement larvaire ainsi que le cycle biologique se déroule sur un à plusieurs mois. Larves et adultes ont le même régime alimentaire, dit hématophage (= se nourrit de sang). Lors de la recherche de leur hôte, elles suivent ses stimuli thermiques (température corporelle) et chimiques (composés volatiles, CO2 principalement). En cas d’absence d’hôte, elle peut mettre en pause ses prises de repas et différer son alimentation d’un an et demi !

On peut également observer sa présence indirectement, car elle laisse de nombreuses traces liées à ses déjections noires, composées de sang digéré (literie, revêtement, meubles).

Sur la peau, ses piqûres sont groupées par 3 ou 4, ou alignées. Ces dernières sont généralement situées sur les parties découvertes du corps.

Enfin, cela reste rare mais l’on peut noter qu’en cas de disette, les animaux peuvent aussi être piqués par les punaises de lit.

Piqûres de punaises de lit

Quels sont ses impacts ?

Physiologiquement, les démangeaisons liées aux piqûres de punaises de lit sont très désagréables voire douloureuses ; et les zones touchées peuvent être relativement étendues en cas de fortes infestations. Comme toutes démangeaisons, elles peuvent être associées à des surinfections bactériennes. Certaines personnes peuvent également développer des formes d’urticaires si elles sont allergiques, voire de l’asthme et pour les plus graves, des cas d’anaphylaxie ont été répertoriés. Une anémie en fer est également possible en cas d’infestation massive et répétée (surtout chez les enfants et les personnes âgées).

L’autre impact non négligeable est l’aspect psychologique nuisant particulièrement au bien-être des personnes atteintes avec même, parfois, des conséquences psychiatriques. La présence de cet insecte est particulièrement stressante et la dégradation du sommeil, éprouvante.  Les conséquences sont aussi d’ordre socio-professionnelles. Et, bien que la présence de punaises de lit ne soit en aucun cas liée à un défaut de propreté - tous les foyers, logements collectifs comme individuels, et toutes classes socio-professionnelles, peuvent être concernés -  le sentiment de honte est bien souvent associé et lourd à porter. Dépression et anxiété sont également ressenties. La crainte de ré-infestation perdure et peut alors conduire à l’arrêt de loisirs, voyages, … Cet état s’apparente à un stress post-traumatique.

Enfin, financièrement, le coût est porté par les établissements privés (hôtels, auberges, foyers, EHPAD, …) ou publics (collèges et lycées, SNCF, …), les bailleurs sociaux et les particuliers. Il est particulièrement élevé pour les personnes les plus précaires. Avec un budget moyen de 870 € par ménage, il est parfois difficile de pouvoir lutter efficacement contre cette espèce. Ce qui pose alors des problèmes de durée d’infestation et augmente ainsi le risque de dispersion.

L’exposition aux produits chimiques est également en augmentation, les cas d’intoxications en lien avec le traitement de zones touchées par les punaises de lit étant de plus en plus nombreux ces dernières années (hors période COVID).

De manière plus globale, un rapport de l’ANSES vient de conclure que les punaises de lit représentaient un véritable risque de Santé publique.

Où la trouver ?

La Punaise de lit préfère les conditions chaudes et particulièrement la chaleur humaine. Elle vit au niveau de nos sommiers et matelas mais occupe également les fentes (parquet), fissures, plinthes, prises électriques, raccords de papier peint, tapis, meubles ; et différents endroits sombres, étroits et peu accessibles. On la trouve généralement dans les chambres à coucher et au niveau des canapés et des fauteuils (salon).

Elle ne parcoure que quelques mètres, voire dizaines de mètres, mais elle peut se déplacer entre logements, par exemple via des gaines, en plusieurs semaines.

Pour parcourir de plus longues distances, elle va profiter des transferts de linge et de mobilier pour coloniser de nouveaux logements ou transiter via les vêtements des voyageurs et touristes des zones publiques et communes pour aller vers les espaces privés.

En voyage ou déplacement, inspectez la literie et les recoins des meubles – source : Freepik
Infographie : Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Ministère de la Transition énergétique.

Comment s’en protéger ?

La prévention est un des moyens essentiels pour se prémunir de cet insecte. En voyage, ne posez pas vos valises au sol, encore moins sous le lit. Dans les hôtels, utilisez le support à bagages, voire une chaise et fermez vos valises hors utilisation. Pour vos vêtements, n’utilisez les armoires et tiroirs qu’après les avoir inspectés. Vous pouvez également contrôler la literie et les meubles.

Lors de votre retour, vérifiez que vos vêtements et bagages ne sont pas occupés par cet insecte avant de les ranger. Un lavage à 60°, un passage au sèche-linge au cycle le plus chaud, un repassage ou une congélation de 72h permettra de supprimer définitivement ces insectes.

Ces techniques sont aussi valables pour l’achat de vêtements ou de linge de seconde main.

Si vous récupérez des meubles d’occasion, nettoyez-les avec un appareil à vapeur avant de les installer chez vous.

L’aspirateur peut également être utilisé mais il ne tue pas les insectes. Il faudra donc évacuer le sac collecteur vers les ordures ménagères, en l’enfermant dans un sac plastique. Il conviendra également de nettoyer le conduit de l’aspirateur.

Pour les meubles et literies infestés que l’on ne peut garder, évacuez-les en déchetterie. Pour éviter tout réemploi de ce matériel contaminé, il faut les rendre inutilisables (éventrer les matelas, mettre une inscription « punaises de lit »).

Enfin, d’une manière générale, évitez d’encombrer les pièces de votre logement. Amas de meubles et d’objets sont autant de refuges possibles pour cette espèce.

Pour les meubles de seconde main, nettoyez-les minutieusement, comme par exemple, avec un appareil à vapeur. Source : Freepik
Inscription sur matelas dans un pays anglo-saxon

En cas de présence avérée dans votre domicile, il existe des solutions alternatives (froid, chaud) et des solutions chimiques. Les punaises de lit ayant développé des résistances aux insecticides, il est conseillé de n’opter pour cette solution qu’en dernier recours. De plus, les solutions alternatives présentent actuellement un taux d’efficacité supérieur aux techniques chimiques et permettent un retour dans le logement dès la fin des interventions.

Enfin, certaines méthodes ont été développées pour détecter mais également surveiller les sites vulnérables à l’installation des punaises de lit. C’est le cas de l’olfaction canine où le chien détecteur qui devient un véritable allié dans cette lutte. Il est capable, grâce à son odorat très développé, de détecter rapidement et avec une efficacité de 95% les zones où les punaises de lit se nichent.

Néanmoins, les experts s’accordent à dire qu’aucune méthode n’est efficace à elle seule et qu’il faut les considérer dans leur ensemble, comme un panel d’outils à notre disposition selon les lieux et objets infestés, et les niveaux d’infestations.

En cas de besoin, vous pouvez retrouver une liste des professionnels recensés par la CS3D, la chambre syndicale 3D (métiers de 3D = Dératisation-Désinfection-Désinsectisation)