Présentation d’Ophraella communa, la Chrysomèle de l’Ambroisie

La Chrysomèle de l’Ambroisie, comme sa plante hôte, est originaire du continent nord-américain (Mexique, États-Unis, Canada). Mais elle est présente en Asie depuis ces dernières décennies, notamment en Chine où elle est utilisée comme agent de lutte biologique contre les ambroisies, via d’importants lâchers d’insectes. Elle a été introduite accidentellement au Japon, en Corée du Sud et à Taïwan.

Plus récemment en 2013 et en Europe, elle a été observée dans le nord de l’Italie et au sud de la Suisse. C’est dans la région milanaise que les densités de populations les plus importantes ont été constatées.

Œufs Ophraella communa – région lyonnaise – octobre 2023

Qui est-elle ?

Ophraella communa est un insecte appartenant à l’ordre des Coléoptères. Ordre le plus diversifié de la classe des insectes, il compte 350 000 à 400 000 espèces décrites, divisées dans 500 familles. Les Coléoptères sont des insectes disposant d’ailes membraneuses servant au vol, protégées par des élytres – ou « ailes dures » - plus épais.

Ophraella communa appartient à la famille des Chrysomelidae, les chrysomèles, des espèces herbivores au régime spécifique : elles se nourrissent de plantes de la même famille voire d’un seul genre.

Adulte, la Chrysomèle de l’Ambroisie mesure 4 mm de long pour 2 mm de large, la femelle est plus grosse que le mâle. Le corps, recouvert de petits poils fins, est doré (jaune pâle à brun), avec trois points plus sombres sur le thorax et des traits longitudinaux plus foncés également, sur les élytres. Les œufs sont déposés groupés à la surface des feuilles. Ils sont au nombre 1000 à 2000 pour une femelle, sur la totalité de son cycle (45 à 65 œufs / jour, pendant 35 jours environ). Puis écloront les larves, de couleur verdâtre à brune. L’hivernation de l’espèce se fait au stade adulte, dans la litière végétale au sol. Les insectes ressortent en avril pour se nourrir et débuter leur reproduction.

Sur une année, plusieurs générations se succèderont. En Italie, jusqu’à quatre générations ont été constatées. Les effectifs sont moins importants pour les deux premières générations mais augmentent de manière significative avec les suivantes. Celles-ci se chevauchant, plusieurs stades peuvent se retrouver au même moment sur les plantes.

Larves et adultes se nourrissent des feuilles de la famille des Astéracées et plus spécifiquement de l’Ambroisie.

Dégâts de défoliations liés à Ophraella communa – région lyonnaise – octobre 2023

Où la trouver ?

Nous pouvons retrouver Ophraella communa sur l’Ambroisie.

Néanmoins, une étude de l’ANSES a mis en avant qu’Ophraella communa pouvait également consommer le tournesol mais qu’elle n’est pas capable de réaliser l’intégralité de son cycle biologique sur cette plante. Et les expériences menées par l’étude Cost-SMARTER montrent des attaques estimées à 2% de la surface foliaire des plants, sans provoquer de mortalité.

Ponctuellement, elles peuvent également se nourrir de topinambour mais aussi de plantes non cultivées. Et elles ont été observées sur plusieurs autres plantes. Mais « aucun déclin de plante indigène du fait de la présence d’O. communa n’a été mentionné dans les différents pays où cette espèce a été introduite ».

Proche de chez nous et jusqu’à présent, ses populations étaient cantonnées à la Suisse et à l’Italie, plus particulièrement dans la région de Milan. Les observations ont montré une expansion naturelle vers la frontière française.

En fin d’été 2023, les premiers signalements d’Ophraellea communa ont été enregistrés dans la région lyonnaise ; confirmés début octobre par l’Observatoire des Ambroisies. Des individus ont été observés sur des pieds d’ambroisie.

Adulte Ophraella communa – région lyonnaise – octobre 2023

Quels sont les impacts ?

En début d’été, ce sont les larves qui s’attaquent aux jeunes feuilles d’Ambroisie. Puis, les générations successives vont occasionner des dégâts allant jusqu’à la défoliation complète, la réduction de la floraison voire la destruction des tiges. Une centaine d’individus (larves et adultes) peut conduire à la mortalité de la plante attaquée.

Dans la région milanaise, il a été mis en évidence que la consommation d’Ambroisie par O. communa aurait permis la diminution de 80 % des émissions de pollens ! En se basant sur cette dynamique et en la calquant sur la région Auvergne-Rhône-Alpes (région la plus impactée par l’Ambroisie dans notre pays), la présence d’O. communa permettrait de réduire le nombre de jours avec risque pollinique de 50 %. Ce qui aboutirait, de fait, à une réduction des coûts de soins associés aux allergies liées au pollen d’Ambroisie et à une meilleure qualité de vie pour les personnes allergiques.

L’autre avantage observé est la diminution de l’envahissement par l’Ambroisie, à la fois dans la culture pour l’été en cours mais aussi de manière indirecte dans la réduction du renouvellement du stock semencier.

La présence d’O. communa peut également être bénéfique sur des zones envahies par l’Ambroisie difficilement accessibles et qui ne peuvent être traitées par les différentes méthodes de gestion, mécaniques comme chimiques.

Quels sont les risques de confusions ?

Il peut éventuellement y avoir des confusions avec la Galéruque de l’orme ou la Galéruque de la viorne mais ces deux dernières ne disposent pas de motif sur leurs élytres. Les chrysomèles étant inféodées à une famille botanique, voir à un seul genre, toute chrysomèle observée sur Ambroisie correspondra à la Chrysomèle de l’Ambroisie.

Quels sont les risques potentiels ?

Une forte spécialisation de l’insecte sur Ambroisie a été observée en Suisse et en Italie. Mais des adultes ont parfois été observés sur d’autres espèces végétales, de façon exceptionnelle. Ainsi, selon l’abondance des populations, la gamme d’hôtes d’O. communa pourrait évoluer. Ces éléments appellent à la prudence et une surveillance serait nécessaire pour suivre les consommations des espèces végétales autres que l’Ambroisie de cette chrysomèle.

Que faire en cas d'observations ?

Hormis cette première observation lyonnaise, Ophraella communa n’étant pas encore signalée en France, si vous observez cette chrysomèle : remontez l’information - avec photos de préférence - à l’Observatoire des Ambroisies ambroisie-risque@fredon-france.fr ainsi qu’à la FREDON de votre région, Polleniz en région Pays de la Loire.

Larve Ophraella communa – région lyonnaise – octobre 2023