Dans le cadre de la lutte collective contre la chenille processionnaire du pin, la ville de Pornichet a fait appel à Polleniz pour former son personnel à mieux comprendre le fonctionnement de ce nuisible et à agir plus efficacement dans la lutte, en conseillant notamment les particuliers.
Vincent Brochard (à droite), expert régional Polleniz de la processionnaire du pin et le responsable des espaces verts de Pornichet (44), Fabrice Le Colleter (à gauche) et les employés municipaux en charge du traitement des arbres pour la lutte.
La ville de Pornichet, partenaire de Polleniz dans la lutte contre la processionnaire du pin, a fait appel au référent chenilles de Polleniz, Vincent Brochard, pour former son personnel lundi 1erjuillet. Ces chenilles représentent un risque sanitaire pour l’homme et les animaux car elles sont pourvues de poils microscopiques qu’elles libèrent dans l’air. Très allergènes, ils sont responsables de réactions allergiques importantes chez l’homme (plaques, cloques, chocs anaphylactiques…) et sont plus importants chez les enfants et les personnes sensibles. Les animaux sont aussi vulnérables. Enfin, les arbres atteints peuvent subir une défoliation importante, être affaiblis…
Tout au long de la matinée, il a présenté le nuisible sous toutes ses coutures afin de mieux comprendre son fonctionnement et d’adopter la bonne attitude pour le réguler. Le but d’une telle formation pour les personnels municipaux est de proposer la meilleure méthode aux particuliers pour lutter contre la chenille processionnaire puisqu’ils sont fréquemment sollicités par la population.
Comprendre la processionnaire
« Avant la canicule de 2003, la chenille avait un cycle de vie plutôt régulier avec des papillons qui volaient essentiellement en juillet, précise Vincent Brochard, depuis 2003, ils volent de fin juin à septembre ». Un changement de température qui a eu un impact sur le cycle de vie de cette chenille qui a besoin de chaleur pour devenir papillon. Les arbres infestés par la processionnaire du pin ne sont pas choisis au hasard : les femelles papillons les sélectionnent pour leur essence et privilégieront certaines espèces comme par exemple le pin noir d’Autriche, le pin sylvestre ou le pin maritime et seront moins attirées par des cèdres. Une précision qui interpelle le responsable des espaces verts de Pornichet, Fabrice le Colleter : « donc on pourrait lutter en ne plantant que des arbres peu appréciés par les papillons ? ». Vincent Brochard précise qu’effectivement on créera des conditions d’accueil moins favorables en sélectionnant des essences moins prisées par la chenille, le pin parasol par exemple.
Les femelles sélectionnent aussi les arbres pour leur exposition à la lumière, « il s’agit de papillons de nuit, complète-t-il, ils sont donc attirés par des arbres dont la silhouette se découpe sur un fond lumineux : éclairage public, coucher de soleil, bords de route éclairés par les phares de voitures… ».
Le papillon n’a une durée de vie que d’une journée durant laquelle il ne s’alimente pas, sa mission est de s’accoupler. Après l’accouplement, la femelle regroupe deux aiguilles de pin et pond ses œufs en manchon : « si vous repérez ce manchon caractéristique, coupez pour éviter le développement des oeufs ! » insiste Vincent Brochard précisant qu’à ce stade il n’y a aucun risque d’urtication.
Les luttes
L’expert Polleniz a rappelé qu’une lutte massive avait été mise en place dès les années 1950-1960 sur le littoral atlantique. Il s’agissait d’une lutte chimique qui se faisait systématiquement par voie aérienne sur les communes atteintes. Ce traitement chimique, pourtant plus virulent que les produits utilisés actuellement, n’est pas venu à bout des chenilles processionnaires puisqu’elles sont toujours présentes. Les évolutions réglementaires et sociétales nous ont depuis amené à utiliser un insecticide biologique et sélectif comme le Bacille de Thuringe, épandu à l’aide de pulvérisateurs arboricoles (lutte microbiologique sans danger pour l’homme, les animaux et l’environnement).
Pour les communes, plusieurs méthodes sont disponibles comme les pièges à phéromones qui attirent et piègent les papillons. Cette solution est délicate à proposer aux particuliers car ils pourraient être infestés de papillons, et donc à terme de chenilles, dans certaines configurations défavorables… L’échenillage, qui consiste à enlever les cocons à la main, « reste la meilleure technique, selon Vincent Brochard, à ne réaliser qu’après avoir mis des gants, des lunettes de protection et un masque recouvrant la bouche et le nez pour éviter toute réactions allergiques et protéger les yeux et les voies respiratoires ». L’écopiège, sac plastique fixé à l’arbre à l’aide d’une collerette, est aussi une solution appréciée des communes mais il faut les enlever fin mai-début juin. « Si l’écopiège reste en place sans être détruit, le cycle continue et certains papillons peuvent trouver la sortie et s’enfuir pour s’accoupler » poursuit l’expert. Dernière méthode préconisée, la plus naturelle, qui consiste à encourager la régulation naturelle par prédation en favorisant la population de mésanges, consommatrices de chenilles. Le premier objectif est d’augmenter leur population en leur donnant des conditions idéales de nidification pour ensuite les laisser consommer les chenilles processionnaires.
Le savez-vous ?
Un seul couple de papillon peut engendrer à lui seul toute une colonie, soit jusqu’à 200 chenilles.
La température interne d’un cocon peut atteindre les 25°C lors d’une journée d’hiver plutôt ensoleillée.
Lorsque les chenilles descendent de l’arbre pour s’enfouir dans le sol telle une procession, il s’agit du stade le plus urticant. Il faut éviter de s’en approcher.
Quand la chenille est stressée, elle ouvre ses miroirs dorsaux et projette ses poils volatiles. Même morte une chenille reste urticante, il ne faut pas y toucher sans protection.
Agir à chaque phase
Les chenilles, une fois leur cycle de vie arrivé au dernier stade larvaire, descendent de l’arbre pour s’enfouir dans le sol afin de devenir chrysalides. Lors de cette descente, elles sont extrêmement urticantes et les risques de réactions allergiques sont importantes. Il est possible pour un employé des espaces verts travaillant le sol de trouver des chrysalides dans la terre, à une dizaine de centimètres. Les chrysalides ne sont pas urticantes mais le mieux est de les brûler. Vincent Brochard a aussi rappelé aux employés municipaux qu’un nid tombé sur le sol, sans aucune chenille dedans, restait urticant au moins 2 ans à cause des poils laissés par les chenilles : « si vous en trouvez un, ouvrez-le avec un scalpel et brûlez l’intérieur à plus de 65°C ».
Rappel
Les inscriptions pour la lutte collective sont ouvertes, pour y participer, inscrivez-vous avant le 10 septembre 2019 via le formulaire en ligne.
Prise en charge
La ville de Pornichet prend en charge 25 % du montant des méthodes de lutte mises en œuvre sur les pins des habitants, le tout est plafonné à un maximum de 100 €. Le personnel communal conseillera les particuliers qui en feront la demande afin d’établir un diagnostic et de leur proposer le traitement le plus adapté à la situation.
Polleniz fournira le matériel nécessaire et en effectuera la pose (sur demande), matériel identifié comme le plus performant par l’Inra. Cependant, le particulier restera libre d’acheter un autre matériel si cela ne lui convient pas.