Quels sont les risques liés à l’Herbe de la pampa ?

De la famille des Poacées, l’Herbe de la pampa - Cortaderia selloana - est une plante herbacée à feuillage persistant originaire d’Amérique du Sud (Chili, Brésil, Argentine). Elle tire son nom commun de son milieu d’origine : les prairies argentines (pampas). Introduite au début du XIXe siècle pour l'ornement, sa taille et son exubérance en ont fait une plante ornementale fortement appréciée dans les jardins pavillonnaires dès les années 70 ; elle est plantée seule ou en groupes, en massifs ou en haies. On la retrouve ainsi sur une grande majorité du territoire. Il s'agit d'une espèce exotique envahissante (EEE) inscrite sur la liste des espèces animales et végétales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain (liste consultable ICI), provoquant des allergies.

Comment reconnaît-on l'Herbe de la pampa ?

Cette grande graminée vivace forme des touffes pouvant atteindre 4 mètres de haut et 2 mètres de large. Ses feuilles, longues et fines aux bords coupants, sont de couleur vert pâle. Très nombreuses, elles ont un port arqué à retombant. La plante est dioïque, c’est à dire que les fleurs mâles et les fleurs femelles sont portées par des pieds différents. Ses fleurs sont regroupées en inflorescences formant des plumeaux blanchâtres à roses, d’aspect duveteux, d’une longueur de 50 cm à 1 m. La floraison se déroule de juin à octobre, puis les inflorescences persistent tout l’hiver. Les fleurs sont pollinisées par le vent. Les fruits correspondent à des petits akènes plumeux (caryopses). La fructification s’étend d'octobre à décembre, pour une levée des graines au printemps suivant.

La reproduction végétative est possible par des fragments de la plante lorsque les conditions d'humidité sont adéquates, cependant ce mode de reproduction est très peu observé (FCBN, 2009).

feuilles de l'herbe de la pampa
Plumeau d’herbe de la pampa (Cortaderia selloana) posé sur une pelouse, feuilles mortes éparses autour.
Ancienne carrière ou zone d’extraction inondée, berges érodées.

Où trouver l'Herbe de la pampa ?

La plante est capable de coloniser et de se naturaliser dans une large gamme de milieux, essentiellement littoraux : zones humides littorales, falaises, dunes et arrières plages. Elle profite également des activités anthropiques pour s’installer sur les sols remaniés ou perturbés et peut se développer sur les talus de bord de route, les remblais, les digues, les friches urbaines et les abords des voies de communication.

Ses graines sont le plus souvent disséminées par le vent dans un rayon de plus de 30 km, plus rarement par l’eau ou les véhicules.

Quels sont ses impacts ?

Côté santé humaine, comme d’autres poacées (graminées), son pollen peut provoquer des allergies :

  • éternuements
  • nez qui coule / bouché
  • yeux rouges, pouvant être accompagnés de picotements
  • maux de gorge, irritations, toux
  • amplification des symptômes asthmatiques

Compte-tenu de la période de floraison, cette plante rallonge la durée d’exposition aux pollens pour les allergiques, de 2 à 3 mois. Ses feuilles, particulièrement coupantes, peuvent causer des blessures (notamment lors de la gestion de la plante).

Côté santé animale, la plante diminue la qualité des pâturages. Et les feuilles peuvent occasionner des coupures au niveau de la bouche du bétail, qui ont tendance à s’enflammer.

Sur le plan environnemental, le caractère envahissant de l’herbe de la pampa se manifeste depuis trois décennies, en lien avec une importante production de graines - environ 10 millions par pied -  disposant d'une capacité germinative de 5 ans. La croissance de cette plante est également très rapide : elle peut atteindre 1 m de haut et produire des graines matures dès sa deuxième année.

La formation des stations sont si denses qu’elles entraînent la disparition totale des autres espèces, impactant plus globalement la biodiversité végétale et animale. À long terme, elle transforme profondément les écosystèmes et les paysages.

Enfin, feuilles et fleurs sont hautement inflammables, augmentant alors les risques liés aux incendies.

Alignement de touffes d’herbe de la pampa le long d’un talus dominant le marais.
Route étroite longeant un fossé, talus sous un ciel nuageux.
Vue d’ensemble d’un marais avec nappe d’eau et roseaux, herbe de la pampa au premier plan à droite.

Comment se protéger de l'Herbe de la pampa ?

L’herbe de la pampa est réglementée par arrêté ministériel du 2 mars 2023.

Ainsi, pour les particuliers, son introduction sur le territoire et sa détention dans le milieu naturel*, son transport et son échange sont interdits.

Ces interdictions sont également valables pour les revendeurs, à laquelle s’ajoutent celles de détention de stock et de vente (guide de bonne conduite à destination des professionnels publié par VALHOR et consultable ici : http://especes-exotiques-envahissantes.fr/le-code-de-conduite-des-professionnels-de-lhorticulture-relatif-aux-plantes-exotiques-envahissantes/)

Pour les pieds présents dans l’environnement, la meilleure lutte consistera à les arracher. Mais cette technique peut demander, notamment pour les sujets les plus importants, des moyens matériels que les particuliers ne disposent pas forcément (mini pelle, pelle, …).

Aussi, pour limiter le stock semencier et la dispersion de l’espèce, les inflorescences (plumeaux) peuvent être coupées dès leur apparition et ce dans les 3 semaines suivantes. Une fois coupées, elles doivent être placées dans des sacs fermés puis évacués en déchetterie ; où il conviendra d’indiquer qu’il s’agit d’une espèce végétale invasive (afin d’être intégrés au tout-venant et non aux déchets verts).

Lors de la manipulation des plantes, il convient de se protéger, avec lunettes de protection, gants épais et tenue adaptée.

En cas d’allergies, respectez les conseils prodigués liés aux allergies aux pollens :

  • fermeture des fenêtres et installation d’un système de filtration d’air
  • douche après sortie en extérieur en période de pollinisation
  • changement des vêtements au retour du domicile
  • ne pas étendre le linge à sécher dehors
  • consulter un médecin ou spécialiste pour adapter son traitement

* Les végétaux en pleine terre et plantés avant septembre 2024 ne sont pas concernés par ces restrictions.