Présent dans notre région au niveau de quelques foyers ponctuels, il est essentiel de le reconnaître car sa consommation accidentelle peut entraîner de graves problèmes de santé.
Comment le reconnaît-on ?
Le Raisin d’Amérique, Phytolacca americana, est une plante vivace herbacée, mesurant de 1 à 3 m. Les tiges robustes sont glabres (sans poils), striées et rougeâtres. Les feuilles sont entières, alternes, ovales et grandes : 10—25 cm de long pour 3—10 cm de large. Les fleurs sont de couleur blanche, parfois légèrement rosées. Les 10 carpelles de chaque fleur évoluent en fruits, soudés à leur base et de couleur rouge foncé à noirâtre à maturité. Celles-ci sont réunies en grappes dressées à la floraison et pendantes à maturité. Un pied produit environ 150 fruits. La plante émerge soit d’une souche vers la fin du mois de mai, soit de la germination des graines vers la mi-juin. Les fleurs commencent à apparaître fin juin et peuvent être produites au sommet des grappes jusqu’en automne. Les fruits commencent à mûrir vers la fin du mois d’août et continuent de mûrir successivement jusqu’en automne.
Il se reproduit uniquement par voie sexuée et se dissémine exclusivement par les graines produites. La plante colonise donc de nouveaux espaces, soit de proche en proche lorsque les graines tombent au sol, soit à plus grandes distances lorsque les baies sont consommées par les animaux. Les oiseaux frugivores semblent être les vecteurs de propagation les plus performants car ils paraissent moins sensibles aux toxines contenues dans les baies que les autres animaux.
Quelle est l'origine du raisin d'Amérique ?
L’introduction en France de Phytolacca americana, originaire d’Amérique du Nord, remonte au XVIIe siècle. Importée pour ses caractéristiques ornementales et ses utilisations diverses (teinture, coloration de vin de mauvaise qualité, …), l’espèce fut cultivée dans plusieurs pays, dont la France, et se serait échappée des cultures.
Où le trouver ?
Disposant d’un caractère rudéral, le Raisin d’Amérique s’observe fréquemment en milieux perturbés. Il affectionne les sols meubles plus ou moins acides, ainsi que les sols sablonneux. On le rencontrera ainsi aux abords de routes, sur des talus, dans des friches, terrains vagues, clairières, coupes forestières ou lisières, mais aussi dans des anciennes sablières, ou encore en bords de rivières perturbés.
Actuellement, Phytolacca americana est largement distribuée en France et dans notre région. On la trouve sur tout le pourtour méditerranéen, mais aussi en Suisse, Allemagne, Autriche, Hongrie, Italie, Espagne et Portugal.
Quels sont ses impacts du raisin d'Amérique ?
Toutes les parties de la plante (notamment les baies) contiennent une toxine, la saponine, qui en cas d’ingestion peut provoquer de sérieux troubles : maux de tête, vertiges, troubles gastro-intestinaux et diarrhées aiguës, tachycardie, troubles de la vision, vomissements, salivation, soif… Bovins, porcs, chevaux, moutons, volailles et certains mollusques sont également concernés. Des cas de mortalité sont avérés chez le Cheval.
Côté environnement, le Raisin d’Amérique dispose d’une grande capacité de résistance. Il prolifère rapidement, ce qui impacte fortement la biodiversité végétale. Ses baies sont consommées par les oiseaux, ce qui favorise la dissémination de cette plante. Puis, la formation de populations étendues et relativement denses entraîne localement un appauvrissement de la diversité en espèces, en réduisant leur habitat disponible. C’est au niveau des zones humides et des pelouses sablonneuses pionnières, milieux au patrimoine floristique souvent très riche, que le Raisin d’Amérique peut avoir le plus d’impact sur la flore sauvage et les végétations les plus fragiles.
Quelles sont les risques de confusions ?
Les consommations accidentelles humaines reposent sur des confusions avec d’autres arbrisseaux et espèces végétales à baies ou fruits rouges à noirs : vigne, cassis, …
Quels sont les moyens de gestion ?
Avant toute intervention, il convient d’agir le plus rapidement possible afin de restreindre les moyens mis en place pour contrôler l’espèce. La gestion se fait par arrachage (porter des gants), toute l’année, et se raisonne selon le stade de la plante :
- Jeunes plants : arrachage manuel dans la mesure où ils sont reconnaissables et très fragiles les premières semaines. Bien arracher la racine pivot !
- Plants adultes : l’arrachage des pieds âgés est difficile. Il peut se faire cependant en arrachant la plante sous le pivot (rhizome). Utiliser une serfouette ou une pioche de cantonnier. Si les plantes ont été coupées en été, laisser des moignons visibles (tige de 40 cm) pour l’arrachage en hiver.
Dans des situations rendant l’arrachage difficile, on pratiquera l’intervention mécanique pour freiner les adultes. L’idéal est de passer souvent dans les secteurs contaminés et de casser ou couper le plus bas possible la tige des pieds adultes afin d’éviter à tout prix la production de graines. Les coupes répétées vont épuiser la plante et réduire la durée de vie de la souche.